Les défis d’avenir les plus importants à relever pour les leaders

Prospective

Un an après la grande pandémie et son cortège de conséquences économiques, sociales, politiques et autres, j’ai voulu fouiller un peu l’avenir du leadership avec la série d’articles que vous avez pu découvrir cet été sur Vision de leaders. En résumé, l’avenir du travail étant en train de balayer des pans entiers de métiers et de fonctions traditionnelles, la fonction du leader s’en trouve nécessairement modifiée à court, moyen et long terme. Dans la décennie actuelle, soit d’ici 2030, les dirigeants devront faire face à des obstacles et à des défis auxquels les dirigeants actuels ou passés n’ont pas été confrontés. Après avoir lu des centaines d’articles, d’études et d’analyses depuis des mois, je résumerais les choses ainsi : le leader du futur doit apprendre à déployer sa vision et à rendre le travail plus créatif et coopératif. Evidemment cela repose sur des concepts et des formations à réinventer et une préparation morale, éthique et personnelle du leader plus ouverte, pluraliste et faisant appel à des qualités puissantes d’intuition, d’imagination et de coopération.

Avenir du management

L’avenir c’est aujourd’hui

A l’instar de la première Révolution Industrielle au XIXᵉ siècle, les managers et cadres dirigeants qui vont progresser dans leur parcours de dirigeants, vont devoir aider leurs entreprises et les équipes à se futuriser de plus en plus, c’est-à-dire à faire l’exercice de se projeter dans une vision et d’explorer les possibilités en mode essais-austements (test & learn). Au XIXᵉ siècle les leaders ont opéré pour le meilleur comme pour le pire, un basculement d’une économie massivement agraire vers une société commerciale et industrielle. Au XXIᵉ nous assistons de nouveau à un basculement de société. Aujourd’hui comme alors, il s’agit de construire une société du travail autour de nouveaux secteurs d’activité, en lien avec le développement et la convergence des TIC, des énergies renouvelables et de nouveaux moyens de transports au sein d’un réseau intelligent.… Le nouveau modèle économique, qui a maintes fois été baptisé troisième Révolution Industrielle (III RI), se base sur des activités :

– contributives (je contribue selon mes compétences),

– collaboratrives (je réfléchis et j’agis en m’ouvrant aussi aux savoirs et compétences des autres),

– participatives (j’agis de manière engagée),

– responsables (jagis avec éthique et morale, parce que je partage les objectifs finaux du groupe ou de la société).

Dans cette économie de nouvelles entreprises apparaissent et d’autres, traditionnelles doivent faire leur mue rapidement pour proposer des services innovants. Pour s’imposer dans cet environnement en pleine mutation, les futurs candidats à des postes de direction doivent se préparer à créer l’avenir avec leurs équipes. Ils doivent aussi réinventer le travail, que l’automation tend tout simplement à supprimer progressivement. Inutile de regarder dans le rétroviseur : l’avenir est à l’inconnu, à l’aventure et engendre de nombreux défis.

Avenir du management

Aller au-delà de la technologie

Premier défi : s’adapter toujours plus vite à la convergence des technologies, des sciences, des pratiques. Les nouvelles technologies numériques et l’analyse des données changent rapidement les vies, le travail et les entreprises. Bien que la plupart des chefs d’entreprise d’aujourd’hui ne soient ni des natifs du numérique ni des experts en technologie, la technologie est essentielle pour maintenir la compétitivité d’une entreprise et stimuler sa croissance. La grande majorité des entreprises est entrée dans l’ère du numérique et vit aujourd’hui les adaptations nécessaires au post-numérique. C’est peut être la partie la plus difficile parce qu’elle nécessite un changement culturel massif. Les leaders du futur doivent être capables d’exploiter la technologie pour créer des organisations agiles, résilientes et durables. Cela nécessite plus qu’une simple délégation à des experts techniques. Cela exige un engagement stratégique d’un autre niveau, plus de créativité, plus de collaboration, un nouveau modèle de leadership et très souvent, un retour sur la raison d’être profonde de l’entreprise.

Long terme vs court terme.

Dans une économie où il s’agit à la fois d’inventer les infrastructures de demain, de déployer massivement l’économie circulaire, les nouvelles structures logistiques, le financement de la croissance, les transitions énergétiques, … il faut naviguer sans cesse avec une vue court et long terme. 

– court terme pour implémenter de manière pragmatique les différentes décisions. Cela suppose de faire évoluer la culture autour de notions tel que l’entrepreneurship et le doit à l’erreur ;

– long terme, pour réaliser les changements qui demandent une mise en oeuvre par étapes et une gestion du changement.

Avenir du management

👉Source : classement des 50 entreprises les plus innovantes au monde paru sur Siècle Digital.

S’adapter en permanence, avec audace

Il ne s’agit pas seulement d’accepter le changement ou de le faire accepter. Il s’agit de faire adhérer des personnes et des équipes, en montrant à la fois l’intérêt de chacun et de tous. Pour cela il faut être animé d’une conviction profonde, contagieuse et communiquer à plusieurs niveaux avec beaucoup d’agilité. Le leader du futur doit être également de plus en plus aguerri aux changements soudains, accidentels, imprévisibles, engendrant des crises locales ou globales. La décennie en cours risque être chargée d’événements… en accéléré ! Face à cela, inutile de se retourner vers le passé : faire preuve d’audace et savoir tirer rapidement des leçons de ses échecs, est dorénavant un prérequis chez tous les leaders, sans que cela doive affecter leur ego ou la confiance des équipes. Dans la période qui s’annonce, il ne s’agit pas d’être dans le statu quo, qui trop souvent se contente de décisions nivelées par le bas. Les dirigeants doivent être au contraire confiants et aventuriers, prendre des risques, inspirer leurs équipes à les guider même dans l’incertitude, alors qu’eux-mêmes découvrent le chemin pas à pas. Dans chaque projet innovant, il y a un moment où les choses se crispent et mettent au défi les leaders et les équipes. C’est le prix à payer pour créer réellement de l’impact.  En cela les grands patrons innovants, quels que soient leurs défauts et leur réputation médiatique, sont une source d’inspiration pour l’avenir et pour qui est prêt à faire preuve d’audace (réf. le classement des 50 entreprises innovantes ci-dessus).

Elever le niveau de qualité à tous les niveaux

Puisque les applications et les automatismes vont faire de plus en plus le travail de centaines de managers ou d’employés, les leaders du futur vont avoir à se focaliser sur d’autres sujets, parmi lesquels la qualité. Celle-ci peut paraître désuète, tant elle est aujourd’hui amalgamée aux sempiternels conseils des années 80-90, sans pour autant qu’il y ait eu d’effets massifs dans les industries, occidentales du moins. Cependant la qualité est encore à inventer et va redevenir sans aucun doute la demande première des consommateurs. Cela ira de la qualité du produit ou de services en eux-mêmes (qualités de fabrication, de fourniture, de matières premières, de contenus…), à la qualité perçue (c’est-à-dire le travail de la marque pour associer son image à la très haute performance et à la satisfaction client).

Avenir du management

Attirer et retenir les meilleurs talents

On connaît le problème actuel des entreprises qui se livrent à une guerre des talents, soit pour les attirer soit pour les retenir. On connait aussi l’urgence des organisations à reskiller et upskiller leurs employés pour faire face à l’avenir du travail. Pourtant le leader du futur doit se préparer à aller beaucoup plus loin. Il devra déployer une communication plus personnelle et son influence, pour le compte de son entreprise (pas uniquement dans l’esprit du personal branding), qui donnera à comprendre à tout candidat de talent ce qu’il pourra trouver à travers la marque. Le leader du futur devra aussi créer les conditions en interne pour stimuler l’intelligence collective, la créativité de chaque employé, l’intelligence sociale pour faciliter les conditions de travail de tous et trouver sans cesse des idées pour stimuler les valeurs de son entreprise. Il devra en outre et c’est sans doute la tâche la plus compliquée, s’impliquer lui-même suffisamment pour comprendre les ressorts profonds de la réussite de l’entreprise et créer les conditions favorables à développer de nouveaux talents en interne, reposant sur les meilleurs standards que l’organisation peut produire. Cela peut passer par la mise en place de produits ou services diversifiés qui amèneront de jeunes talents internes à progresser dans leur leadership et devenir à leur tour, inspirants pour d’autres.

Diriger des équipes culturellement différentes

Chaque marché a ses spécificités et le marché Nord-Américain ne sera pas éternellement le marché dominant. L’Asie, L’Inde, le Moyen-Orient, l’Amérique Latine, certaines régions de l’Afrique, la Malaisie… sont des marchés emprunts de leurs propres cultures, qui aspirent à la modernité sans pour autant renoncer à leurs traditions culturelles. De plus les leaders du futur devront également apprendre à tisser leurs relations sur ces marchés, voire à les aimer et les comprendre. C’est à ce prix qu’ils sauront et comprendront comment gérer des équipes diversifiées, en maintenant le même niveau de qualité partout mais en s’adaptant aux codes culturels et aux demandes des marchés. Riches de cette connaissance, ils devront aussi en imprégner leur marché domestique, pour faire évoluer les produits ou services à réagir face à un monde bouillonnant d’idées et d’échanges. Ils devront apprendre entre-autre à inclure des nationalités différentes, parfois hautement qualifiées, dans leurs équipes à travers le monde et à travers les différents modes de management hybrides que nous voyons se dessiner aujourd’hui.

Pour ne pas conclure

Beaucoup de leaders sont déjà en chemin sur ces questions mais la difficulté va être aussi de devenir des dirigeants capables d’humaniser les relations de travail. Cela est loin d’être le cas aujourd’hui, bien qu’il existe des exceptions évidemment. Quel que soit la performance recherchée à travers la technologie et l’innovation, la créativité et la qualité, le management et la gestion, une entreprise existe d’abord et avant tout par sa raison d’être et par sa capacité à réunir les talents au service de celle-ci. Si ces deux préalables ne sont pas assez clairs et transmis largement en interne, la première crise majeure viendra balayer tous les efforts de management, quelles que soient leur performance. Les leaders du futur ne doivent pas seulement, préparer les équipes et les parties-prenantes à acquérir l’agilité technologique, ils doivent aussi se préparer eux-mêmes 👇

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