L’intolérance à l’incertitude : le défi des leaders du 21ème siècle
Résoudre un dilemme important du leader moderne.
Gestion du changement
L’intolérance face à l’incertitude est un phénomène qui semble caractériser de manière prédominante notre époque contemporaine. Elle se manifeste à travers une multitude d’indicateurs : le scepticisme croissant face aux institutions, une méfiance généralisée envers les experts ou encore une anxiété latente face à l’avenir. Selon un récent sondage réalisé par le cabinet Harris Interactive, 63 % des Français estiment que le monde est devenu plus incertain ces dernières années. Pourtant, ce n’est pas la première fois que la civilisation occidentale est plongée dans une telle dynamique de mutation. La Renaissance, la période des Lumières, la Révolution industrielle ont toutes été des époques de bouleversements profonds, mettant à l’épreuve les certitudes des contemporains. Mais alors, qu’est-ce qui distingue notre ère des précédentes ? Pourquoi cette intolérance à l’incertitude semble-t-elle prendre une ampleur sans précédent ? Serait-ce comme l’indique le même sondage pré cité, une question générationnelle (Ce sentiment d’incertitude est particulièrement fort chez les jeunes générations. En effet, 73 % des 18-24 ans estiment que le monde est devenu plus incertain) ? Peut-être que la rapidité des changements technologiques, la globalisation ou la complexification des enjeux mondiaux y sont pour quelque chose. Ou peut-être que la nature même de nos structures sociales, plus fluides et éphémères, rend la quête de certitudes plus prégnante. Quoi qu’il en soit, cette dynamique a des répercussions profondes, notamment dans le monde des affaires. Les dirigeants et leaders d’entreprise se retrouvent confrontés à de nouveaux défis et leur rôle évolue face à cette quête incessante de certitudes de la part de leurs équipes, de leurs clients et de la société en général.
De multiples causes possibles
Nous pourrions évoquer plusieurs raisons pour lesquelles l’intolérance à l’incertitude est plus élevée dans notre société contemporaine que par le passé, même comparativement à des périodes historiques ayant connu les mêmes remises en question de notre monde. Nous pourrions nous pencher sur l’aspect psychologique, sachant que nos biais cognitifs nous poussent naturellement à percevoir l’incertitude comme une menace. Nous pourrions nous pencher sur l’économie où notre ère est marquée par un désir d’instantanéité qui se reflète dans nos modes de consommation. Accoutumés aux services en un clic, aux livraisons en express et à l’accès immédiat à l’information, nous sommes de moins en moins patients. Le moindre délai ou imprévu devient source d’anxiété et de mécontentement. Nous pourrions encore évoquer le déclin de la spiritualité traditionnelle qui a laissé un vide, privant beaucoup d’un cadre qui aidait à comprendre et accepter l’incertitude ou encore la pensée moderne, marquée par le rationalisme, le matérialisme et l’individualisme, qui exalte la maîtrise et la prévisibilité, ce qui renforce notre malaise face à l’imprévu. Tout cela est une explication possible mais c’est plutôt dans la sociologie qui nous puiserons ici une explication pour notre sujet sur le leadership.
Des piliers qui sautent
En effet, c’est en observant la structure et l’évolution de nos sociétés que l’on peut saisir certains des mécanismes fondamentaux qui alimentent notre malaise face à l’inconnu. La « modernité liquide » de Zygmunt Bauman illustre parfaitement cette époque de flux incessants où les piliers traditionnels, jadis solides, se liquéfient et ébranlent nos certitudes. En cause selon le chercheur, les technologies de l’information et de la communication qui accélèrent les échanges et bouleverse les modes de socialisation ; la globalisation qui rend obsolètes les frontières traditionnelles et les identités nationales ; et l’érosion des institutions qui laissent place à des modes de vie et des croyances plus individualisés. De son côté, Ulrich Beck, avec sa théorie de la « société du risque », nous met en garde contre cette ère nouvelle où la gestion des risques omniprésents devient le cœur de nos préoccupations. Dans cette perspective, la modernité a produit selon lui, une abondance de risques – environnementaux, économiques, sanitaires – qui défient les capacités traditionnelles de gestion et de prévision.
Zygmunt Bauman et Ulrich Beck soulignent en définitive la fragilité des fondements sur lesquels nos sociétés sont bâties et l’impératif d’adaptation constante face à un futur imprévisible. Il faudrait aussi se pencher sur le rôle des médias qui n’a cessé de croître avec le temps.
Dans une ère d’hyper information et, paradoxalement, de « fake news », les médias, conscients de l’impact de la dramatisation, tendent à magnifier les événements, créant une atmosphère de tension et d’urgence. Cette surmédiatisation des crises, qu’elles soient économiques, sociales ou sanitaires, renforce la perception d’un monde en constante mutation, où la stabilité semble être une chimère. De plus, la rapidité avec laquelle l’information est relayée, souvent sans vérification approfondie, nourrit une culture de la réactivité plutôt que de la réflexion, ce qui rend les individus encore plus vulnérables face à l’incertitude. En résumé, l’incertitude autrefois ressentie comme exceptionnelle, est vécue aujourd’hui comme omniprésente.
🔍 Sondage
Communiquer vos décisions dans un contexte d’incertitude
Nous aimerions connaître votre avis.
Lorsque vous êtes confronté(e) à l’incertitude dans votre prise de décision, quelle est votre plus grande préoccupation en termes de communication ?
1️⃣ – Eviter d’être mal compris(e) ou mal interprété(e).
2️⃣ – Eviter de s’exposer à des critiques ou des jugements.
3️⃣ – Ne pas semer la confusion parmi les collaborateurs ou partenaires.
4️⃣ – Maintenir la confiance de l’équipe ou des stakeholders.
5️⃣ – Autre (Veuillez préciser en commentaires).
Le dilemme du leader moderne
Dans un monde où les changements technologiques, socio-économiques et culturels ont considérablement bouleversé le paysage professionnel au cours des dernières décennies, le rôle des leaders a été confronté à des défis sans précédent. Désormais, le leader ne doit plus simplement réagir à la complexité du monde moderne, mais savoir agir de manière avisée et réfléchie selon les nouvelles exigences suivantes :
💡 Naviguer dans l’ambiguïté : la clarté absolue est une denrée rare. Le leader d’aujourd’hui doit être capable de prendre des décisions éclairées même lorsque le chemin à suivre est flou. Cela nécessite une vision claire des valeurs, des objectifs et des priorités de l’organisation.
💡 Promouvoir la résilience : dans un monde qui force à l’adaptation toujours plus rapide, savoir rebondir est essentiel. Encourager la résilience, tant individuellement que collectivement, permet à l’organisation de s’adapter et de surmonter les défis inattendus.
💡 Communication ouverte : avec l’incertitude, viennent souvent la rumeur et la désinformation. La transparence dans la communication est primordiale pour garantir que tout le monde est sur la même longueur d’onde et que les inquiétudes sont adressées.
💡Encourager la collaboration : l’incertitude peut parfois isoler les individus ou les équipes. Favoriser une culture de collaboration assure que les meilleures idées émergent et que les ressources sont utilisées de manière optimale.
💡 Cultiver l’autonomie : dans un environnement complexe, attendre des directives pour chaque « petit détail » est contre-productif. Les leaders doivent donner à leurs équipes la liberté et la confiance pour agir, tout en leur fournissant le cadre et les outils nécessaires.
💡 Investir dans l’apprentissage : ce qui était vrai hier ne le sera peut-être pas demain. Un engagement envers la formation continue garantit que les équipes sont toujours préparées, quel que soit le tournant que prend le marché ou l’industrie.
Le dilemme du leader moderne réside donc dans sa capacité à équilibrer l’ancien et le nouveau, à marier la sagesse des méthodes traditionnelles avec la flexibilité et l’innovation des approches modernes.
Il s’agit de reconnaître quand il faut tenir bon face aux traditions et quand il est temps d’adopter de nouvelles stratégies. Dans ce jeu délicat d’équilibriste, le leader d’aujourd’hui doit être à la fois un gardien du passé et un pionnier de l’avenir, naviguant avec finesse entre ces deux mondes. Un exemple est celui de Satya Nadella, PDG de Microsoft depuis 2014, qui a revitalisé l’entreprise alors perçue comme dépassée, après son échec sur le marché du mobile. Microsoft a alors pivoté sur le marché du cloud tout en adaptant des produits emblématiques comme Windows. Tout en ouvrant Microsoft à de nouveaux écosystèmes, la vision de Satya Nadella a été alors de mettre l’accent sur la croissance, l’apprentissage et la collaboration. Son respect pour le passé de Microsoft, combiné à une vision audacieuse pour l’avenir, illustre parfaitement le défi du leader moderne entre tradition et innovation.

6 attitudes pour progresser malgré l’incertitude
Tiraillés entre l’envie d’agir et la prudence, les dirigeants sont depuis plus d’un an maintenant, exposés à une nouvelle « forme de normalité » qui est l’incertitude. Comment dès lors peuvent-ils surmonter leurs freins et réticences à regarder vers l’avenir ? Dans un monde qui demande sans cesse de rebondir vite, tout en gérant l’imprévisible, quelles attitudes peuvent vous aider à préparer le retour à la croissance ?
[/et_pb_text][/et_pb_column][/et_pb_row][/et_pb_section]