Comment résoudre les conflits professionnels de manière constructive?
Beaucoup de personnes rencontrent aujourd’hui des conflits passifs ou actifs dans leur vie professionnelle, qui malheureusement n’ont fait que se renforcer avec le confinement lors de la pandémie COVID-19. J’avais déjà réalisé une vidéo que vous trouverez dans cet article pour montrer comment transformer des rivalités, en relations constructives mais je vois le phénomène s’accélére et ce n’est pas pour me surprendre malheureusement. Dans les périodes de fortes mutations, il faut s’attendre à des crises importantes et surprenantes qui balaient les certitudes. Les conflits ou les critiques qui peuvent se résoudre plus ou moins facilement en temps normal, prennent alors un caractère excessif, sur fond de peur du changement et la perte de repères habituels. Voici 6 stratégies pour sortir d’un conflit professionnel de manière constructive. Ce n’est pas évident, admettons-le. Des conflits, j’en ai connu tout au long de ma vie professionnelle et entrepreneuriale et nous ne sommes jamais aguerris à 100%. Ces 6 stratégies ont pour but de nous aider à traverser nos conflits avec plus de conscience et de courage, sachant qu’à la clé, il y a toujours quelque chose d’intéressant à apprendre sur la nature humaine. Pensez que c’est chaque fois l’occasion de développer votre intelligence émotionnelle, votre leadership ou même votre charisme.
Les tensions sont une source de croissance personnelle et professionnelle
Un bon leader n’évite pas le conflit. Il l’affronte avec courage et transforme les tensions en étincelles créatives.
Un conflit n’est jamais bon ou mauvais : c’est la vie des affaires, des équipes et des relations humaines ! L’idée est qu’un conflit ne détériore pas outre mesure votre vie ou celle de votre environnement professionnel ou d’équipe…tant qu’il n’atteint pas nos valeurs personnelle et la culture d’une équipe de travail. Si je traite aujourd’hui ce sujet, c’est aussi parce qu’à l’issue d’un conflit qui tourne mal, beaucoup de personnes pensent avoir perdu du sens dans leur travail, alors que la question est ailleurs. Les conflits maintiennent la vie de l’équipe et des organisations. Croyez-moi, même en travaillant de manière indépendante, vous trouverez les mêmes problèmes à affronter mais côté recruteur ou leadership cette fois ! Ce sera votre rôle de les gérer. Vous vous rendrez vite compte qu’une équipe où tout va bien est aussi une équipe qui a peu d’idées neuves, peu d’envie d’apprendre et d’innover, peu de croissance et de capacité à s’adapter. Nous sommes cependant d’accord que le conflit ne doit pas dégénèrer. Autant dire que j’ai du mal à adhérer à 100% à la culture du bonheur au travail. Il me semble qu’il y a comme un malentendu entre la recherche d’épanouissement personnel qui est nécessaire pour chacun ou pour l’équipe et la dynamique professionnelle qui repose nécessairement sur une certaine tension ou même sur des dissonances cognitives. Mais là n’est pas le sujet. Le sujet est de transformer un conflit, incontournable dans une vie professionnelle, en opportunité de croissance pour les protagonistes et pour vous-même en premier lieu. Voici des pistes pour faire que les frictions qui créent de l’énergie, conduisent à plus de créativité.
N’évitez pas les conflits. Restez créatif.
Le silence est l’ennemi de toute bonne relation ou collaboration.
85% de personnes cherchent à éviter les conflits professionnels parce que ce n’est ni admis facilement par l’encadrement ni une qualité reconnue. L’idée n’est pas de laisser libre cours à des attitudes de soupe-au lait ou colériques. L’idée est plutôt d’apprendre à admettre qu’une relation empêche de trouver un terrain d’entente et un mode de fonctionnement adéquate. Gérer un conflit n’est facile pour personne : gérer différentes perspectives, tensions ou divergences peut être cependant source de créativité. Le silence en revanche cause des dégâts personnels et professionnels très long terme : rancœurs personnelles, prudence excessive pour proposer de nouvelles idées ou initiatives, individualisme galopant, perte de repères, état d’esprit négatif endogène, croyances limitantes, sentiment de ne créer aucun impact… Face à un conflit, demandons-nous individuellement en quoi celui-ci nous défie dans notre mode de fonctionnement préféré, et collectivement, en quoi nous portons des lunettes qui obscurcissent une partie du marché. Si vous êtes un leader dans votre équipe, il n’y a aucun intérêt pour vous à porter excessivement les conflits des membres internes ou externes. Pour le bien de votre équipe et pour le vôtre, agissez avant de créer des effets secondaires durables.
01/Argumenter doit devenir une pratique naturelle
Si vous ne voulez pas faire partie de toutes ces personnes qui au prétexte d’éviter le conflit, n’aborde jamais la question qui fâche, apprenez à nommer vos conflits même avec vos supérieurs. L’idée n’est pas de dire agressivement « je ne suis pas d’accord… » ou « vous ne me respectez pas… » ou « vous ne comprenez pas… »… L’idée est d’aborder la question en parlant avant tout de vos besoins pour réaliser votre fonction correctement. Plus vite vous vous emparez des tensions, plus vite vous pouvez y faire face et les résoudre. La chose la plus importante est de ne pas incriminer votre adversaire. Le conflit deviendrait alors personnel et chacun se sentirait agressé. Si vous êtes un leader et que deux personnes ou deux personnes s’affrontent, donnez-leur l’occasion d’exprimer chacun leur point de vue, en fixant les règles de respect mutuel et de s’en tenir à la sphère professionnelle et non personnelle. Le travail relationnel ou le travail d’équipe est un sport de contact.
02/ Instaurer une relation de confiance et de respect
Pour résoudre un conflit, il est nécessaire d’emmener votre adversaire sur un terrain neutre (autre que le bureau, la salle de réunion, les couloirs…). L’idée n’est pas de se jeter à la figure des paroles qui auraient forcément des conséquences sur la relation ou le reste du groupe (collègues, partenaires de travail…). Le respect est la première chose importante, qui fonde votre capacité à résoudre le problème. Même si votre adversaire fait preuve de manque de respect, ne suivez pas son exemple et souvenez-vous que le respect n’a pas la même signification pour tout le monde –nous sommes sur un terrain avant tout émotionnel. Rappelez simplement à votre interlocuteur qu’il n’est pas question de perdants ou de gagnants mais d’une situation à laquelle vous cherchez une issue favorable pour chacun. Si la personne persiste dans son attitude, proposez-lui de poursuivre la conversation dans un moment plus favorable. Botter en touche est de la stratégie, pas de la faiblesse. Restez patient. Un conflit est une situation émotionnelle donc irrationnelle. Ce n’est pas la logique qui va résoudre la situation mais de vous occuper des besoins de votre interlocuteur et de faire connaître les vôtres (voir ma recommandation en 3 étapes dans la vidéo ci-dessus).
03/ Soyez capable de détecter le vrai problème
C’est évidemment le plus difficile mais souvenez-vous qu’un conflit repose d’abord sur un manque de compréhension et de communication autour des besoins et attentes de l’autre partie. Les émotions deviennent alors des jugements. Beaucoup de conflits professionnels naissent d’une déception émotionnelle, d’un manque de reconnaissance du travail accompli, et surtout d’une peur de l’avenir. Sachez recadrer d’où viennent vos tensions et celles de vos interlocuteurs. Occupez-vous d’abord de vos émotions et ensuite de celles de vos interlocuteurs. N’émettez surtout pas de jugement par anticipation : c’est le pire (du genre « si je ne peux compter sur toi aujourd’hui, comment le pourrai-je à l’avenir face à … »).
04/ Focalisez-vous sur l’aspect professionnel à résoudre et non sur la personne
Les conflits tournent à la guerre et aux rivalités lorsque l’on en fait un problème personnel. Les idées et les personnes se confondent alors. Encouragez l’esprit de curiosité. Concentrez le débat sur l’idée, la tâche ou le projet. Évitez de le faire – ou de le prendre – personnellement. Gardez la discussion sur les faits, les logiques et les événements, pas sur les personnes – même si c’est tentant ! Formez-vous à séparer votre identité de vos points de vue. Que quelqu’un n’aime vos idées, ne signifie pas qu’ils les attaquent. Accordez aussi à vos adversaires le bénéfice du doute : tout va très vite dans le milieu professionnel.
05/ Encouragez la diversité
C’est bien connu des naturalistes aujourd’hui : les populations et les espèces vivantes qui respectent le plus la diversité, survivent mieux que les autres. Chacun a quelque chose à apporter dans le cadre du travail. Même si nous nous laissons abuser par nos biais cognitifs, sous de multiples formes, souvenons-nous qu’ils nous rendent aveugles et trop sûr de nous. Ils ont pour rôle de nous faire répéter les succès passés or la situation réclame une ouverture d’esprit et de cœur différente. Agir en tenant compte de la diversité des points de vue et des attentes, est un véritable talent. Cela exige de développer son sens critique, y compris vis-à-vis de soi-même.
06/ Restez humble
Le meilleur moyen de resté coincé dans un conflit est de chercher à avoir raison. Les discussions tournent au conflit de position ou de posture. Résoudre les tensions ne consiste pas à gagner un argument, mais à trouver la meilleure réponse à un problème. Il faut de la sagesse pour intégrer des points de vue opposés et cette sagesse est un entraînement permanent, pas seulement lorsque nous en avons besoin. Prenez de la hauteur en lisant des philosophes, des auteurs, en regardant la nature et les saisons… bref toutes formes d’activités qui vous rappellent que nous ne sommes que ce que nous sommes, c’est à dire des êtres parfaitement imparfaits, toujours en devenir.
A retenir
Si vous vous sentez dans un conflit depuis trop longtemps et que vous perdez votre énergie au travail, c’est que le moment n’est pas forcément venu de tout remettre en question pour vous et de chercher ailleurs. Le travail n’est pas un endroit de calme et de sérénité absolue. C’est un endroit de tensions où naissent des conflits qui font normalement avancer une structure, même s’il s’agit simplement de l’empêcher de tourner en rond. A travers votre réflexion, essayez de déterminer quel est le véritable problème qui vous empêche de progresser aujourd’hui. Est-ce le signal d’une fin de cycle où vous pensez avoir fait le tour de la question dans votre univers professionnel ? Est-ce un changement économique ou sectoriel, qui menace votre fonction actuelle ou vous demande d’acquérir de nouvelles compétences ? Est-ce une expérience que vous avez à présent et qui demande que vous lui donniez un nouveau défi ? En gros ne confondez pas les vrais problèmes qui méritent que vous redeveniez créatif pour votre métier, des problèmes que vous ne pouvez pas changer, sauf à modifier votre point de vue.
Isabelle Cham Conseil
soutient le développement des dirigeants, des équipes et des organisations à travers la prospective, la mobilisation du leadership, la gestion du changement et la communication d’impact. Retrouvez toute l’information sur le site.