Complexité, pression, mutation : comment rester lucide ?
Lucidité, exigence et humanité en période de mutation
Ce n’est pas le changement qui fait peur.
C’est de devoir diriger sans certitude, sans promesse, sans garanties.
Le monde ne s’accélère pas seulement. Il se complexifie.
Et les leaders ne sont plus attendus comme des héros éclairés mais comme des repères incarnés, capables de tenir dans l’incertitude, sans devenir ni rigides, ni flous.
Comment éviter, dans ce contexte mouvant, de décevoir ses équipes… ou de se décevoir soi-même ?
1. Accepter la fin du monde rationnel
Nous avons grandi dans une culture où le progrès semblait linéaire.
Où l’avenir était planifiable.
Où le rôle du leader était de gérer, contrôler, expliquer, anticiper, tranformer efficacement.
Cette époque est révolue.
Aujourd’hui, le leader ne peut plus prétendre tout savoir, tout tenir, tout résoudre, tout transformer sans ajustements successifs.
Il est d’abord celui qui crée les conditions pour que d’autres puissent apprendre, ajuster, oser… et finalement transformer.
Le progrès n’est plus la réponse.
C’est la capacité à agir entre complexité (parfois chaos) et discernement qui devient essentielle.
2. Revenir à la réalité : penser ET ressentir
Nous vivons dans une époque qui valorise l’agilité, la stratégie, la lucidité.
Mais sans accueillir l’émotion, la pensée s’assèche.
L’émotion est un composant indispensable de la rationalité.
– disait Baruch Spinoza
Penser sans ressentir, c’est rationaliser.
C’est justifier, contourner, s’aveugler.
Un leader lucide est celui qui entend ce qu’il ressent, sans le subir, et qui intègre le sensible à la prise de décision.
L’émotion n’est pas un obstacle.
C’est un capteur ultra sensible de ce qui se joue au-delà des faits.
3. Repérer les mécanismes de défense
… avant qu’ils ne sabordent votre posture
Plus le contexte est tendu, plus notre cerveau nous protège,
et parfois, nous isole.
Voici quelques signaux à reconnaître en soi ou au sein de ses équipes :
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La rationalisation : « ce n’est pas grave », « ce n’est pas le moment », « on verra plus tard… »
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La projection : ce qui m’agace chez l’autre est souvent ce que je refuse de voir en moi.
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Le déni : « tout va bien » — alors que personne n’ose plus parler.
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La régression : comportements infantiles dans les comités de direction.
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La formation réactionnelle : jouer la légèreté quand tout appelle de la gravité.
Tous ces mécanismes sont humains mais les ignorer, c’est se couper du réel et de ses conséquences.
4. Le courage de dire « je ne sais pas »
… sans renoncer à sa responsabilité.
Un leader n’est pas celui qui a toutes les réponses.
C’est celui qui crée les conditions pour trouver ensemble les réponses.
Cela nécessite de créer un dialogue ouvert, exigeant et sincère.
Rester leader aujourd’hui, c’est :
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renoncer à l’illusion du contrôle, sans céder au chaos,
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tenir une vision sans la figer,
-
nommer ce qui est instable, sans paniquer.
C’est une posture à la fois sobre et habitée.
Et c’est elle qui évite la déception.
Conclusion
La pire erreur serait de croire que vos équipes attendent des certitudes.
Ce qu’elles attendent, c’est votre cohérence intérieure, votre capacité à tenir sans surjouer, à douter sans fuir, à écouter sans vous effacer.
Le vrai leadership, en période de mutation, n’est pas de faire croire. C’est de tenir debout, au milieu de l’inconnu, en restant pleinement humain.
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Réinventer l’influence
Tenir debout dans un monde en déséquilibre, sans renoncer à l’exigence ni à la relation.